Françoise Tomeno
1er mars 2016
Il est grand, beau comme un dieu. Les yeux et la barbe très noirs, il a quelque chose du Commandant Massoud. Son chapeau à lui est un simple bonnet. Il a entre vingt et vingt cinq ans.
Il apparaît à la porte d'entrée du bistrot, avec un petit sourire, une certaine nonchalance.
" Bonjour la France profonde".
C'est vrai, ici, dans ce bistrot, c'est la France profonde. Ce matin comme beaucoup d'autres, elle est mélangée, métissée.
Quelques minutes plus tard, il est assis à côté d'un homme tout jeune lui aussi, occupé à un de ces nombreux jeux qui se pratiquent quotidiennement dans ce bistrot. Un jeune homme qu'une femme plus âgée, au teint plus clair, assise à la table voisine, taquine en le tutoyant. Je parierais que les enfants de cette femme sont allés à l'école du quartier avec ce jeune homme.
Notre nonchalant, lui, s'est retourné et s'est adressé à une autre dame du même genre que la précédente: "Bonjour madame. Ça va?".
Un ton d'enfant qui tranche avec la barbe fournie et noire. La dame se demande à qui il parle, elle s'assure que c'est bien à elle.
La vie ordinaire d'un quartier ordinaire.