Françoise Tomeno
7 octobre 2012
Momo a parfois un mouvement vers
les femmes « Mon amour, mon amour », qui le précipite à embrasser la
femme élue ce jour-là (ça peut changer d’un jour sur l’autre) sans lui demander
son avis. Cela lui arrive moins souvent qu’avant, mais quand-même. Et lorsqu’il
perçoit un mouvement de recul de la personne à laquelle il s’est adressée, il
invoque l’argument suprême : « C’est Marco qui l’a dit ». Marco,
c’est « son » serveur bien aimé, celui qui le respectait et le
faisait respecter avec une belle rigueur chaleureuse. Marco, qui lui confiait
des tâches au bistrot (ramasser les tasses par exemple). Son Marco, quoi.
Depuis quelque temps, j’ai pris l’habitude de lui tendre la main avant même qu’il ne se précipite sur moi avec son amour. Un jour, je n’ai pas le temps de le voir arriver, et il est tout proche. Je tends rapidement ma main et lui dis : les bises, c’est pour vos retours de vacances (je lui avais moi-même fait la bise dans cette circonstance), pour votre anniversaire, et pour Nouvel An.
S’ensuit une discussion entre Céline, Michel, tous deux de service ce jour-là, Momo, et moi-même sur le thème : mais c’est quand votre anniversaire ? Momo ne le sait pas, dit Céline. Alors Momo approche du comptoir, sort ses papiers, et nous découvrons ensemble la fameuse date, que je note illico dans mon agenda. J’ai intérêt à ne pas l’oublier, si je veux être fidèle à ma parole.
Quelque temps plus tard, le
scénario s’amorce de la même façon. Je réitère mes choix de bises, et lui tend
la main, qu’il accepte volontiers. Michel rit, et me rappelle, avec une
certaine admiration, le moment précédent dont il avait été témoin.
Bon, moi, faire comme ça, ça
m’est quand même assez familier.
Mais tout de même ! Je pense
très souvent, en pensant à Momo, que probablement aucune femme ne lui a jamais
dit « mon amour », « je t’aime ». Alors !