Estaminet Tomeno Mercier

Estaminet Tomeno Mercier

01 mars 2016

La pudeur à Bébert

Ma chère Hélène,

j'ai donc repris mon "travail". 

Lorsque je suis arrivée, Bébert était assis au fond du bistrot. Un homme portant lui aussi casquette s'approchait de lui.

"Dis-donc, t'es triste, Bébert!".

Bébert ne laisse pas respirer son interlocuteur et lui renvoie: "C'est toi qu'es triste". Je n'entends pas la suite. 

Peut-être que Bébert il est triste parce que Riri, son frère, il est encore à l'hôpital? Allez savoir. 

De toute façon, Bébert, il a de la pudeur, et faut pas qu'on lui lève le voile, à la pudeur à Bébert. Faut juste qu'on lui foute la paix.

Tu avais souri, Hélène, lorsque j'avais dit que j'avais pris un peu de "vacances" en n'allant pas dans le bistrot de mon quartier pendant une semaine. J'avais ajouté: "Je reprends mon travail cette semaine". Tu avais souri, ri, que j'appelle ça du travail.

Je pense à ton travail à toi, avec ces autres personnes humaines que tu accompagnes, chez les fous. À ces petites rencontres parfois si fugaces que l'on peut les louper si on n'y prend pas garde, si l'on ne reste pas en éveil. 

Françoise Tomeno
1er mars 2016