Estaminet Tomeno Mercier

Estaminet Tomeno Mercier

08 janvier 2012

IL NE S'EST RIEN PASSÉ CHEZ JEAN-BERNARD



Françoise TOMENO
8 janvier 2012

Jour de grisaille. Je sors de Beaubourg, je suis agacée par la nécessité de faire la queue pendant des heures, d’abord pour entrer, puis pour prendre ses billets, puis pour entrer dans l’expo elle-même. J’avais renoncé depuis longtemps à ce genre de plaisanterie, mais j’ai voulu essayer une nouvelle fois. Réserver un coupe-file pour une heure précise m’agace tout autant, j’aime trop flâner le nez en l’air, et ne pas être coincée par un horaire.

Il pleut un peu, il est tard dans l’après-midi, j’ai faim, et je me mets en tête de trouver un bistrot, un vrai. J’arpente la rue Saint Martin, avec une pensée pour Robert Desnos et le très beau poème « Le disparu » à propos d'André Platard, son ami, « disparu un matin », emmené par les nazis: « Je n'aime plus la rue Saint Martin depuis qu'André Platard l'a quittée.... ».
 Il y a plein de restaurants, libanais, italien, etc.…, mais je veux « mon » bistrot. Je chine, comme toujours, et je vois une toute petite entrée avec une toute petite terrasse. Je regarde de plus près : bar à vins « chez Jean-Bernard ». Mais c’est que ça me paraît tout à fait ce que je cherche….





Je rentre, il n’y a que moi comme cliente à l'intérieur, deux jeunes femmes fument en terrasse. Même à cette heure avancée de l’après-midi, je peux manger. Il ne reste que le plat du jour, mais cela m’ira tout à fait. Et si vous voulez tout savoir, c’est un « boudin purée » dont la qualité n’a rien à envier à celui du Café Comptoir, qui est déjà le meilleur du monde. Le jeune homme qui prend la commande me propose un verre de Syrah rouge pour accompagner, j’en serai enchantée.




Je passe là un moment des plus tranquilles, à l’abri de la pluie et de la grisaille. J’ai tout loisir d’examiner l’épicerie, parce que chez Jean-Bernard, on vend du vin, mais aussi des rillettes, foies gras, terrines, plats cuisinés en bocaux, conserves, condiments, huiles, miel, confitures. Le tout bien joliment rangé, c’est plein de couleurs, dans un espace extrêmement réduit.



                                                                                                                                                                                                                                                                                                              


Je repars sous la pluie, il ne s’est rien passé chez Jean-Bernard, sauf mon agacement, qui, lui, est passé.
Si vous êtes dans le coin un jour, allez chez Jean-Bernard[1].


[1] Chez Jean-Bernard, 157 rue Saint Martin, 750003, http://www.jean-bernard.fr/
Les photos sont celles du site de chez Jean-Bernard