Estaminet Tomeno Mercier

Estaminet Tomeno Mercier

16 décembre 2012

Ben mon Léon...

Françoise Tomeno
16 décembre 2012

Bon, ça fait un moment que je ne vous ai pas parlé de Léon.

Nous en étions à ce salut discret, mais bien présent.

Une ou deux semaines plus tard, damned, Lulu est de mauvais poil, susceptible, et prend très mal qu'une dame lui demande comment elle va. Par bonheur, je lui ai juste dit "Bonjour Madame", je l'ai échappé belle. Quant à Léon, il ne m'a pas vue entrer, pas levé le nez de son verre de rosé autour duquel il est toujours aussi enroulé. Mauvaise journée....

Re une ou deux semaines plus tard, il y a un monde fou dans ce bistrot. Je ne peux pas m'installer dans mon secteur habituel et je dois me replier, avec délices cependant, près de la baie vitrée, là où il y a la lumière et les bouquins. Oui, le frigo du Livr'échange n'est plus là, il a pris la poudre d'escampette. J'ai ma petite idée là-dessus, il va falloir qu'un jour je vous en parle. Et puis ça permettra à celles et ceux qui ne suivent pas, qui ont raté les épisodes précédents, de se remettre à niveau.

Mais pour le moment, c'est mon Léon qui est au centre de mon récit. Il est déjà là lorsque j'arrive, notre petit salut discret, tout est en ordre.

Sur l'étagère aux bouquins, je vise un très grand et gros livre, à la belle couverture cartonnée, avec une illustration en son milieu. Des personnages façon années trente/quarante. Je feuillette, il y est question de scoutisme. Les jeunes gens portent des pantalons à la Tintin, culotte de golf, les jeunes femmes ont la coupe à la garçonne. Rien que du beau monde bien convenable, assis sur des canapés bien à distance. Ca sent la proche demande en mariage de la demoiselle à son cher papa, et les fiançailles.

Je ris toute seule, avec discrétion bien sûr. Quand, soudain, je vois approcher une ombre courbée et décidée: mon Léon! Ca alors! Qui vient s'intéresser au livre. "Un beau livre!". Il tâte, feuillette. Je commente en disant que je n'ai pas trouvé la date de l'édition, Léon se met à chercher, trouve pas non plus. Encore quelques mots, puis il s'en va.

Mais ça n'est pas fini. Encore un peu de temps plus tard, j'arrive au bistrot après Léon, il est sur le chemin qui mène à ma place. Il lève le nez, me tend la main, et me dit "Ca va?". Eh! J'en fais autant, ma foi! Ca va, pour Léon, avec le temps, vous savez, le temps qu'il fait, des fois grisailles, mais aujourd'hui c'est soleil, il dit que c'est bien, Léon. Et puis aujourd'hui il boit du blanc. C'est peut-être à cause du soleil et du  p'tit blanc qu'il est plus engageant?

Lors de ma ballade au bord du fleuve, me viendra tout naturellement une chanson que je chantais autrefois sur les marchés (Il y en a qui ne suivent pas? Encore? Ca n'est pas les mêmes que tout à l'heure. Va aussi falloir que je fasse une leçon de rattrapage?), mais je change un prénom, et ça donne "Avec Léon, avec Léon, c'est un plaisir de danser la java, avec Léon, avec Léon, ...." et là je bute sur la suite. Pas moyen de retrouver. Faudra que je fasse une descente à la cave, je devrais retrouver ça dans un carton (Oui, y a aussi du blanc, à la cave, pas de rosé, mais je ne bois jamais quand je chante!).

Enfin, le principal, c'est que je réalise que je danserais bien la java avec Léon, au son de l'accordéon, comme dans la chanson, Léon. 

Dans la chanson, c'est Maurice: "Avec Maurice, avec Maurice, c'est un plaisir de danser la java..."

Avec Léon, avec Maurice, avec qui veut, je danserais bien la java.
Sauf que je sais pas danser.
Je crois que ça n'a pas d'importance... mazette!